PETITE HISTOIRE (la votre)

Envoyez-moi par mail vos anecdotes et histoires qui seront publiées sur cette page , je vous attends....

alain.chevrier1@sfr.fr

 

 

        SOUVENIRS   de Pierre JOUATTE          

                                                           

                                                         Les mésaventures du requin !!!

   

Mon fils a découvert votre site " le Tartu" et m'en a transmis le contenu ce qui m'a fait revenir quelques années en arrière. j'ai en effet, comme électricien d'armes, embarqué sur le Tartu en novembre 1962 pour le quitter juste avant sa mise en carénage que je situe vers juillet 1963. J'ai ainsi connu la joie de la pêche au requin que nous avions appâté avec le boeuf type gros sel du repas de midi qui rebondissait comme une balle de caoutchouc, immangeable pour une mâchoire humaine mais apte pour pêcher les requins qui tournaient autour du bateau. Il faut se souvenir que, à cet instant, la vie était tristounette à bord avec cette chaleur humide et l'interdiction de coucher sur le pont la nuit. de plus, s'arrêter aussi prêt des côtes avec en toile de fond la musique brésilienne de carnaval que nous entendions dans les haut-parleurs du bord, cela été pour ma part un divorce avec le commandement à tel point que j'ai demandé à mon capitaine d'être détaché corvée de coque, ce qu'il à accepté. j'ai ainsi repeint la coque du Tartu en gris marine pendant plusieurs mois.

Cette partie de pêche aux requins a donc été un divertissement. Après avoir avalé le bout et son hameçon, la deuxième ligne renforcée par un câble en acier et un hameçon de bonne taille fut fatale sur un pauvre requin plus gourmand que d'autres. Il a donc apprécié le boeuf du chef et s'est retrouvé hissé sur le pont avec une bande de zozos qui pour l'estourbir, ont usé de ce qu'ils trouvaient au plus prêt, c'est à dire, les outils d'incendie, hache, lance à incendie etc... Il fallait être jeune et un peu inconscient pour agir de la sorte d'autant que la soupe d'aileron du requin qu'avait cuisiné le chef n'avait pas grand goût. Nous avions été gentiment réprimandé par le Pacha pour ne pas recommencer. Il est vrai que les langoustes que nous avaient apportées les pêcheurs bretons pour nous récompenser de les protéger étaient autrement plus goûteuses que les ailerons de requins.

Pour les plus jeunes que nous étions et qui avaient tant entendu les anciens nous parler de la croisière noire et de Douala, nos 15 jours en mer sans voir grand monde nous restaient un peu en travers de la gorge.

Cela reste néanmoins d'excellents souvenirs
.

                                                                  

 

        SOUVENIRS   de Marcel MICHALOWSKI          

                                                           

                                                         c'était Belou la mascotte des mécanos

   

Salut l'ami, hier ma 'live box" est tombée en rade et c'est grâce à un modem de rechange que je peux communiquer en attendant le remplacement...J'ai bien reçu les plans de "notre" bateau et j'ai bien situé le C R S (central radio de secours) pont principal là ou au début je me réfugiais (à cause du mal de mer), c'est là que cela bougeait le moins... 

Puis aussi le poste 1, juste au dessus de la cambuse où j'ai commencé pour finir au poste des "choufs" à côté de la cafétaria.Au poste 1 nous avons eu l'inconvénient de dormir "fenêtres ouvertes" après l'éperonnage du D'ESTREES, car il y avait un "escargot" du pic avant (soute à peinture) jusqu"au panneau de la plage avant,et même en Algérie en Novembre il ne fait pas trés chaud. 

Marc DESLIENS m'a fait remarquer qu'il avait embarqué juste avant le départ pour Bizerte et il a retenu qu'à notre arrivée le premier "pépin" fut la mort des 2 chiens "mascotte" du bord descendus par les "sacos" de patrouille...si je me souviens bien ils s'appelaient Bélou et Mazout.

Je me souviens de VALEJO pour la simple raison que lors d'un retour de mer (cela ne faisait pas une heure que nous étions à quai) il arrive au poste demande Michalowski.. c'est moi...
"t'as le bonjour de ton frangin"...interloqué je lui demande où il a pu le voir en aussi peu de temps !! réponse: "je sors de taule lui y est encore..."

Menardeau lui je crois bien qu'il faisait partie de l'équipe de foot du bord...Je n'ai toujours pas trouvé le temps de rechercherdes photos de l'époque mais...il n'est jamais trop tard pour bien faire...

 

Bonne semaine ,amitiés à bientôt...Marcel

                                                                  

 

        SOUVENIRS D’APPAREILLAGE  de Jacques LECRAS          

                                                           

  La silhouette du mont Faron s’éclaire au dessus de la brume matinale, l’arsenal est encore dans l’ombre ... Six Heures du matin ; les Diesels déjà démarrés par les mécanos faisaient vibrer l’acier du pont ; les gyroscopes avait été lancés , dans la coursive centrale le bruit était assourdissant .Le monstre d’acier assoupi reprenait vie ...

Le clairon venait de sonner le branle-bas; l’odeur du café venant des cuisines se répandait dans les coursives se mêlant aux odeurs de crème à raser ; l’animation matinale habituelle ; les marins circulant en tous sens échangeant quelques mots au passage . Le clairon planté devant le micro de passerelle, sonnait le début des manoeuvres, redoublé par la voix du planton annonçant :

- Hommes de porte voix et de transmission à leur poste ! (bis)

Huit heures précises .

Sur la plage arrière la garde d’honneur constituée de quatre matelots était au garde à vous ; guêtres, ceinturons et gants blancs ; le maître d’armes hurla :- Présentez armes !- Envoyez les couleurs ! Le claquement sec d’un coup de fusil , déchira la quiétude  matinale ; un matelot la drisse en mains hissait  notre pavillon national  qui atteignit promptement  le haut du mât ; le mistral commençait de se lever  et l’ordre du « reposez armes » fut absorbé par le bruit du vent. La garde d’honneur remontait maintenant la coursive bâbord au pas cadencé, l’arme à la « bretelle », le maître d’armes ouvrant la marche.

Ce protocole achevé l’appareillage allait débuter.

Les hauts parleur  se mirent à couiner puis un ordre tonitruant :- L’équipage au poste de manoeuvre ! - L’équipage au poste de manoeuvre ! L’ordre se répétait plusieurs fois comme en une seule phrase, perçant les tympans ;  des postes d’équipage jusqu’à la passerelle les brodequins des matelots martelaient l’acier du pont, et sur les barreaux d’échelles qu’ils gravissaient à la hâte ; en quelques instants le calme se rétablissait, chacun était à son poste attentif aux ordres.

Un bref coup de sirène annonçait notre appareillage imminent.

Le pacha donna l’ordre de larguer les amarres ; d’abord les traversiers , les gardes montantes puis enfin la pointe arrière et la pointe avant !

De nouveau les ordres se succédaient, bref, suivis du « rendez compte » impératif, ainsi :

- Les hélices sont-elles claires ?

Je confirmais : - Les hélices sont claires ! ( les filins d’amarrage étaient sortis de l’eau)

- La barre à gauche !

Le manoeuvrier promptement actionnait la barre puis rendait compte :

- Toute la barre est à gauche !

- Hélice bâbord en avant « un » !

La machine répondait :

- Bâbord en avant « un »...

Puis.....

- Bâbord stop !.. Zéro la barre ! ...- En arrière « deux » les deux hélices !...A à gauche 15 !.... Zéro la barre !..

- La barre est à zéro..

.D’une voix plus douce, - Comme ça !...

Le bâtiment s’écartait du quai doucement et commençait de reculer ; un nouvel ordre par haut parleur résonnait  suivi du claquement de l’écho venu du quai : « garde à vous bâbord » ! les marins situés à bâbord se tenaient rigides , ceux du quai nous saluant militairement.

Le bâtiment glissait maintenant sur l’eau , en arrière, un panache de fumée noire balaya le pont puis la passerelle disparue un instant enveloppée par cette fumée âcre et soufrée ; le Tartu « doubla » le bout du quai à vive allure ; nous continuions de nous éloigner jusqu’au milieu de la rade. Le Pacha repris :

- Stop les deux hélices ! la barre à droite 30°! en avant « deux » les deux hélices !

- Zéro la barre ! en avant « trois » ! Gouvernez au 115 !

...Des remous et un bouillonnement d’enfer derrière le bateau ...

Le Tartu prenait de la vitesse et s’approchait du goulet de la rade . Le Pacha à l’adresse de l’homme de barre Lança : - à votre initiative bosco !

- Bien reçu commandant ! et le bosco attentif dirigeait notre bateau en plein milieu de la « passe » ; Le Pacha avait confiance en ses hommes de mer ... (c’était un bon Pacha) !

Au passage du goulet quelques marins dressés sur la digue saluaient notre départ, figés, disparaissant derrière le rideau d’embruns que l’étrave faisait jaillir .. Maintenant le Tartu attaquait la haute  mer s’élançant de toute sa fougue , 63000 chevaux ! De la cheminée arrière , le rugissement des  machines montant en puissance se faisaient entendre, faisant vibrer nos poumons.

L’étrave impitoyable, fendait les paquets de mer projetant des gerbes d’écumes par dessus la passerelle , cinglant nos visages, plongeait pour disparaître un moment dans le bleu de la mer , puis réapparaissait , écumante, laissant déverser l’eau en une cascade gigantesque,  puis de nouveau replongeait .... Depuis les haut parleurs, un ordre éraillé tonitrua :

- Rompre du poste de manoeuvre ! Rompre du poste de manoeuvre ! ...La deuxième division au poste de navigation ! (bis)

De nouveau, des aller et venues à la passerelle, des matelots en parka et blousons de mer s’affairaient aux puissantes jumelles scrutant l ’horizon. Un marin armé d’un gros bidon de café « bien arrosé » distribuait avec son quart en fer blanc son breuvage à qui en voulait....Le Pacha installé dans le fauteuil surélevé avait le regard rivé sur la ligne d’horizon ; un instant il baissa les yeux pour allumer sa grosse bouffarde...

Ainsi  le TARTU prenait la mer....                                                                       

 

      L’ APPEL DU MATIN         (histoire vraie) Par Jacques Lecras

  Les couleurs venaient d’être envoyées. Un instant plus tard les hauts parleurs nasillards, annonçaient :

 - L’équipage à l’appel ! L’équipage à l’appel !

les matelots en treillis se dirigeaient vers la plage arrière du bateau, puis comme il est de coutume s’organisaient en une double rangée en « U », chaque maître de quart tourné vers eux. L’officier de quart venait de se placer le dos tourné à la tourelle de 127 ;   d’un ton sec  il ordonna : - garde à vous ! L’équipage se figea rigide, les maîtres d’équipage saluant militairement l’officier avec claquement de talons pour les plus « fayots »...

- Reeeepos lança l’officier ; faites l’appel...

les « patrons » commençaient d’énoncer la liste des noms  ponctuée par le conventionnel « présent ! ». L’appel terminé l’officier repris :

 - gaaaaarde à vous !

- Rendez l’appel !

 A ce moment précis, un « coupable » lâcha un énorme pet tonitruant (pression maximum !  l'acte était volontaire…) .

Il y eu quelques remous dans les rangs de l’équipage, et un certain flottement régnait...

L’officier d’une voix mal assurée repris :

- Rendez l’appel !

Notre patron se tournant vers lui, toujours en saluant  mais le visage crispé et hilare, ne réussit pas à répondre - « complet ! ».

L’officier visiblement excédé fini par dire baissant la tête : Bon allez, rompez les rangs ! ....

Les matelots  regagnaient leur poste en une débandade inhabituelle ; on pouvait entendre : qui c’est qu’a pété ? Qui c’est qu’a pété ? - C’est chez les canonniers !  -   Non ! ça venait des mécanos !... ça serait bien les ASM , ils sont cradings !

L’histoire ne le dit pas car le « coupable » ne s’est jamais fait connaître......

  C’est une histoire vraie ; et quand j’ y pense, 44 ans après, ça me fait toujours rire.

                                                                  

 

                                               « Filouterie d’aliments » Par Jacques Lecras

 

         les matelots s’affairaient à la corvée de vivres ; ainsi ils devaient récupérer sur le quai des cageots de boîtes de conserve, mais aussi des cageots de fruits, et les porter à la cambuse...

Ce jour là il y avait du raisin, des ananas, des oranges. Julien Valléjo , notre bon copain, empruntait la coursive centrale pour se rendre à la cambuse et passait à cette occasion à hauteur des postes d’équipage 5, 3 , et 2...En haut de l’échelle d’accès à chaque poste, était accroupi bien planqué un matelot attendant le passage de Julien. Dès qu’il arrivait :

- Julien, balance une grappe ! Au passage de l’autre échelle, même scénario , etc... Plusieurs passages, et les ananas et les oranges... Il faisait ça de bon cœur , il faut bien le dire il avait un cœur « gros comme ça »  notre Julien. !..Mais là où les choses se sont gâtées, c’est que le cambusier n’y avait pas trouvé son compte dans la mesure où les cageots arrivaient à destination  à moitié vides .

La corvée terminée, le cambusier alla se plaindre au « Bidel » ( maître d’arme). Valléjo passant devant le BSI, se fait écharper par ce dernier qui lui dit sur un ton péremptoire : Valléjo , vous êtes sur la peau de bouc ! Vous savez pourquoi... ( la peau de bouc est le registre des punis)

Notre Julien redescend dans le poste d’équipage la mine décomposée nous lançant :

 - Ch’ui sur la peau de bouc !

Et nous de reprendre tous en cœur : Meeeerde ! Bon c’est pas grave....De toute façon on t’en a gardé du raisin , tu vas pas nous ch.... une pendule !

Julien explosant : -  mais j’aime pas ça l’raisin ! !

............... ! ! !

Le lendemain à l’appel, l’officier de quart d’un ton très sévère annonce :

- Matelot Valléjo : Consigné à bord pour quatre jours !

- Motif : « filouterie d’aliments » !

.....

quelques jours plus tard nous étions tous à manger des saucisses frites dans une brasserie ; bien sûr Julien était notre invité....

 

                                          L’appareillage de Sète Par Jacques Lecras

 

La saison estivale débutait, les missions de prestiges étaient de mise, ce qui plaisait beaucoup à l’équipage dans la mesure où nous sortions d’une longue période d’hiver « assortie » d’exercices sur des mers démontées ...  Ainsi  ce jour là nous avions fait escale  dans le port de Sète . Ordre avait été donné d’appareiller en tenue de sortie blanches et col bleus bien sûr ; le prestige national avant tout !

Le poste d’appareillage venait de débuter ; sur le quai étroit , les jeunes filles,  les mamans, de leurs fils si fières, aussi des pères et même grands pères s’étaient massés  là !

Robes et jupes, blanches , roses, une pépinière de bras levés  ondulant , foulards rouges, mouchoirs et mains s’agitaient ; un parterre de fleurs champêtres, ou se mêlaient coquelicots bleuets marguerites ; le spectacle était très émouvant ; combien de baisés lancés...(depuis le quai)..

le vent se déchirait sur les drisses et filières sifflant très aigu , la mer blanchie en larges risées, la Tramontane  violente était au rendez vous soufflant de mer vers la terre.

Soudain, un bruit caverneux , un fracas épouvantable , la cheminée  arrière se  mit à vibrer vomissant un épais nuage de fumée noire ,  un ramonage intempestif !.... ? Le panache énorme déferla sur la surface de l’eau , s’étalant , roulant en volutes énormes comme le ferait  un tsunami  avalant le quai , obscurci en quelques instants ; des cris, bien pire, une clameur montait du quai . Le ramonage cessa , le quai  réapparu, mais désert !.... Pas une âme avait résisté et pour cause .

Notre appareillage , bien entamé maintenant prenait des allures de catastrophe, mais il n’était pas terminé, il manquait « la cerise sur le gâteau ».

Le Pacha fit annoncer par hauts parleurs : - Nous allons « culer »  (reculer) de quelques dizaines de mètres.

L’enseigne de vaisseau, responsable de la plage arrière, devait alors annoncer la distance séparant le quai de notre poupe.....

La manoeuvre débutait ....

- Nous sommes à soixante dix mètres du  quai environ lança l’officier !

Le bâtiment reculait lentement , mais sûrement. !...

- Cinquante mètres ! - quarante mètres ! -  le quai se rapproche commandant !

La passerelle était-elle devenue sourde ?  Sur la plage arrière l’angoisse montait , l’officier était devenu très pâle, mais ça continuait...D’une voix chevrotante :

- dix mètres !, cinq mètres !  puis un choc sourd ébranla tout le bâtiment ...

Le pacha hurla dans les hauts parleur : -  Que se passe - t - il plage arrière ?

D’une voix blanche l’officier répondit :

- Nous sommes sur le quai commandant ! ! (le cul enfoncé)

Un vague sentiment de honte nous envahit ; l’appareillage n’était pas très glorieux ; bien plus, le « panache » de la marine française  venait de prendre un vieux coup !

L’incident nous valu quelques semaines de carénage à Toulon ; en cette saison c’était pas pour nous déplaire.....

Le service « pont » n’a jamais compris ; tant pour le ramonage en plein bassin , que pour la manoeuvre maladroite !..Qu’en pensent les mécanos ? Les côtes de Banyuls seraient - elles à l’origine ?

Note du mécano de service: en fait il ne s'agissait pas d'un ramonage comme le suggère Jacques mais tout simplement (si l'on peut dire)la façade de brique réfractaire de la chaudière avant qui s'était effondrée ....ce qui a bien contribué aux semaines de carénages qui s'en sont suivies.

Par contre j'en ignore les causes....!            Alain Chevrier

 

    J'ai fait "marcher" le CC Demay      par Alain Chevrier

                                                                                               

A cette époque le permis n'était pas encore à points et le mien pas encore au point . J'ai obtenu le mien en 1959 après 5 leçons d'1 heure en auto-école (une chance...!)et ceci afin de pouvoir piloter mon scooter , un 125 peugeot ... En 1962 presqu' en fin de service j'ai satisfait a l'examen de permis militaire au CAP de Toulon au volant d'une 203.

C'est dire mon expérience de conduite automobile (au maxi 6 heures) lorsque je pris mon premier service comme chauffeur de bord sur le Tartu.

Je devais conduire le soir le pacha en second chez lui . Alors en route avec la deudeuche  fourgonnette du bord....

Cela tenait plus du hoquet... que de la conduite sportive ,et c'est bien secoués que nous avions effectué le trajet de l'appontement Millhaut à la Porte Principale.

La , mon "client" me fit garer sur le parking , me demanda de l'attendre et partit faire ses courses en centre ville à pieds jugeant cette solution moins hasardeuse.

Je l'attendis sagement avant de le conduire ensuite à son domicile ou il arriva quand même sans encombres....

C'est le seul souvenir de chauffeur occasionnel qui m'est resté et que j'ai revu en en souriant à chaque camionnette 2 cv rencontrée sur mon chemin,voilà quelques années que ce souvenir ne m'était pas revenu à l'esprit les deudeuches se faisant de plus en plus rares......!

Note de l'auteur: Je me suis quand même amélioré depuis avec 10 voitures et plus d'1 million de km sans accident.....

 

                                                                  

 

L’abordage du DESTREES, tel que les ASM l’ont vécu...par Jacques Lecras                

                                                                                             

 Depuis notre appareillage de Toulon une semaine de mer s’était écoulée ; nous étions en exercice à une centaine de milles marins des côtes algériennes avec le Destrées, un escorteur comme le nôtre ; puis un sous marin, l’Artémis je crois....  A quelques milles de nous le Destrées  en « solo » menait la vie dure au sous marin ; accomplissant des « huit » , des cercles, des inversions de cap imprévisibles, augmentant sa vitesse pour s’éloigner , virer de 180°, et revenir à la charge « les machines sur le pont » (vive allure) ; nul doute , les sous mariniers devaient en baver....Ciel et mer se confondaient maintenant , sa silhouette s’estompait dans l’obscurité , seule l’écume blanche du sillage témoignait de sa présence....

Cette nuit là , nous devions prendre la relève du Destrées, l’enthousiasme n’était pas au rendez vous ; la fatigue, la mer souvent mauvaise, les postes de combats de jour, de nuit, incessants ; on était « crevés » ! Sur la passerelle, une dernière cigarette avant d’aller me coucher ; une nuit d’encre, la silhouette des cheminées se détachait à peine du ciel noir , laissant échapper la rumeur sourde des machines venue des tréfonds du monstre d’acier. Le « balancement » lent des étoiles rayant le ciel en arcs concentriques de gauche à droite , puis de droite à gauche, un roulis régulier....Je décidai de regagner mon poste d’équipage .. Toute la coursive centrale baignait dans la lumière rouge, les voix de ceux qui parlaient étaient rendues muettes par le bruit assourdissant des gyroscopes .

Dans le poste d’équipage devenu silencieux à cette heure, régnait encore des odeurs de pain grillé mêlées à l’odeur du thé et la fumée de cigarette. Les hamacs étaient « pleins » la lumière ne tarderait plus à s’éteindre.

23h55...Le planton de passerelle circulait entre nos hamacs, cherchant à tâtons  « ceux » du deuxième tiers dont je faisais parti. Je devais accomplir le « zéro à quatre » , quart de veille, de minuit à quatre heures du matin.... Les matelots concernés s’accrochant à une barre de plafond sortaient de leur hamac par un prompt rétablissement, puis s’habillaient en silence , encore envahis de la torpeur du sommeil ....On se retrouvait tous à gravir l’échelle terminale menant au PC ASM, la mine défaite, sans même avoir échangé un seul mot....

Chacun avait regagné son poste, libérant son copain de sa tâche , qui lui allait se coucher, en général avec le sourire.....Assis dans nos fauteuils, chacun attentif au petit spot brillant qui inlassablement balayait son écran au rythme des Tiiuuuuuuu !....Tiiuuuuuu !....Bruit caractéristique du SONAR.

La vitre nous séparant du Central opérationnel permettait  de voir le visage macabre des détecteurs penchés sur leurs écrans radar ; venant du PC radio des chuintement de haut parleurs entrecoupés par des messages Mors, ponctués par des dialogues nasillards à peine compréhensibles ; probablement des marins en pêche... Nous , tous feux éteints, silencieux , tapis dans le noir, à l’écoute des abysses , prêts à l’attaque...

Puis....TiiuuTit ! TiiuuTit ! TiiuuTit !

- Echo droit devant ! ! !

- Distance 1500 yards !

- Doppler nul ! (le sous marin présente son travers)

L’Officier ASM :

- Attention passerelle contact Sonar ! ! ! ! (à l’adresse du Pacha)

- Immersion ?

- 50 pieds !  répond l’opérateur (15 mètres environ)

L’OF :

- direction PC ASM ! ! ! !

- Gouvernez Sonar !

OF : - Le personnel ASM au poste de combat !

Le planton de passerelle reprenait aussitôt par haut parleurs : Le personnel ASM au poste de combat ! (bis !)

On fonçait droit sur le sous marin !

- Distance 1200 !....

- Distance 1000 !....

- Distance 800 !...

- Distance 600. !.., 500 ! 400 ! 300 yards ! !

- Attention au contact simultané ! (sous marin très proche et devant nous ; nous allons passer au dessus de lui !) .

L’opérateur d’immersion se tournant brutalement vers l’OF, d’une voix cassée jappe :

- Immersion nulle ! ? ! ? ! ?. Le sous marin fait surfaaaaace ! ! !

L’OF les yeux révulsés.... ? ? ? ?

Puis tout se déroula très vite ; le claquement d’une porte blindée de passerelle, le hurlement d’un veilleur :

 - Bâtiment droit devant ! ! !

Sur les caillebotis de passerelle des pas précipités , le Pacha hurlant :

 - Arrière 444 ! ! ! (arrière toute) 

 - Toute la barre à droite !

 -  Rappelez au poste de combat général !

Aussitôt le hurlement de la sirène , perçant les tympans , le planton de passerelle annonçant simultanément par haut parleurs :

 - Poste de combat général !-  Poste de combat général ! Prendre le stade de sécurité N°1 ! (fermez toutes les portes étanches)

Dans notre PC :

- Mais on va l’éperonner ! ! ! ? ? ? -  Capitaine ? ? ?

- L’ OF  d’une voix éraillée : Cramponnez vous tous ! !

Dans le PC nous étions tous persuadés  qu’on allait couper le sous marin en deux ! Arc-boutés à nos appareils le souffle court on attendait le choc terrible...

Ejectés de nos sièges, chacun s’écrasant le visage sur son appareil , ne pouvant pas s’en décoller,  chute d’objets , extincteurs, cendriers ( les douilles d’obus) , des cris venant du  PC radio, PC radar, passerelle, des fauteuils renversés ; le choc plutôt mou, dura 2 à 3 secondes, interminable.... L’étrave sortant de l’eau comme sur un violent coup de tangage , un bruit sinistre de froissement de tôle ; tous la peur au ventre....

De toute part les marins en cohorte se jetaient sur le rebord  des superstructures pour voir la surface de l’eau ; je me souviens avoir vu des mécanos gerber du haut de l’échelle d’accès aux machines !.. Plus tard on apprendra qu’ils avaient eu peur que la chaudière en surpression explose sous l’effet de l’inversion de rotation des hélices (arrière toute).

Déjà, ordre avait été donné d’allumer tout ce qui était capable d’éclairer ; des « Phoscars » (bouées lumineuses de sauvetage) jetés à l’eau éclairaient la surface de la mer, les timoniers balayaient la surface de l’eau avec leur puissants projecteurs, à la recherche de naufragés. Il nous fallu plusieurs dizaines de secondes pour comprendre que le problème se passait « devant » nous et non pas en « dessous » comme on le croyait !... Le Destrées ayant lui aussi allumé ses lumières se distinguait juste là, devant nous! Un géant blessé ne bougeant plus , notre étrave  plantée dans son flanc tribord entre les affûts de 57 et ceux de 127 de l’arrière .

 « L’arrière toute »  avait tout de même permis au Tartu de reculer en raclant d’un bruit caverneux la coque éventrée du Destrées arrachant ses filières au passage.

Sur le pont une scène de panique ....De la coursive centrale les marins s’évacuaient sur le pont, une déferlante humaine, hétéroclite dans l’habillement ; certains nus pieds , d’autres en caleçon torse nu, l’un d’eux à moitié nu, dans ses brodequins délassés, tenant sa valise « marine » à la main figé par la peur mais sans cesse bousculé, la tête levée vers le ciel, criait : Mamannnn ! La peur des autres est communicative ; je n’avais plus de jambes....

Le capitaine (l’OF) me lança : Lecras en soute Sonar ! Allez voir si il y a une voie d’eau ! Je n’avais pas franchi le seuil du PC que de nouveau : Lecras ! Pensez aux taquets !

- Oui Capitaine ! La soute sonar se trouvait à l’avant sous la cambuse derrière la soute à peinture ; empruntant la coursive centrale, les gars des postes 2 et 3 s’évacuaient en courant vers l’extérieur ; ma progression vers l’avant était difficile car je devais avancer à contre sens, parfois bousculé sans ménagement. Le poste 2 était désert sauf un marin accroché de ses deux bras à une épontille , tétanisé, il ne bougeait pas.  Arrivé là, il me fallait ouvrir la porte étanche donnant dans la soute ; alors avec précaution j’actionnais les taquets côté gongs comme on me l’avait appris, pour éviter d’être écrasé par la porte blindée qui en cas de voie d’eau se serait ouverte en me plaquant sur la cloison .  Non, rien, pas de voie d’eau, oufff ! ! !  Je remonte au PC pour rendre compte ; au passage je tire avec force sur la vareuse du gars qui n’avait toujours pas bougé, l’obligeant brutalement à gravir l’échelle pour quitter le poste d’équipage.

Le bateau avait reculé de quelques encablures ; c’était l’heure du bilan ; heureusement aucun blessé.  Notre étrave déchirée dégoulinante de peinture grise , rouge , la soute à peinture avait explosé sous la violence du choc. Le Destrées lui, avait la coque crevée au dessus de la ligne de flottaison à hauteur du poste d’équipage  N°6 .

La suite des événements est trop confuse dans mon esprit pour l’écrire.... Je me souviens simplement que nous avons mis le cap sur Mers el Kébir filant à peine trois noeud au loch, avec 30 degrés de barre à gauche pour compenser l’effet de l’étrave déchirée.

Plus tard on apprendra que notre Pacha porta presque toute la responsabilité de cet abordage ; au terme de l’enquête, il fut affecté au service à terre, démis de son commandement ; sa carrière lourdement compromise.....Enfin c’est ce qui se disait......

L’homme de veille qui annonça le premier le danger était un canonnier dont j’ai oublié le nom ; peut être que Jean claude le connaît ?

Pour la compréhension, « Prendre la direction » passerelle ou PC ASM , c’est diriger le bateau, l’homme de barre obéit à celui qui a la « direction ».(lire plus haut).

Lorsque l’OF ASM pris la « direction PC ASM », Le Pacha aurait dû refuser car lui seul était censé savoir ce qui se passait en surface.....

Nous avons donc attaqué trop tôt, le Destrées n’ayant pas terminé  son « dégagement » d’où une coalition perpendiculaire inévitable ! Mais nous ASM, ne nous occupons que de ce qui se passe sous l’eau....

Le sous marin n’a jamais fait surface ; le Destrées se trouvant entre nous et le submersible, il y a eu confusion dans le contact sonar, ainsi au départ nous avions l’écho sur le sous marin, puis ensuite sur la coque du Destrées puisque il masquait l’Artémis!....Concours de circonstances malheureux.....

Après un mois de carénage à Mers el Kébir pour qu’on nous refasse une étrave provisoire, nous sommes rentrés à notre base de Toulon . Les permissions de noël débutaient....

 

                                                                  

 

ON AURAIT PU SE NOYER OU MÊME SE FAIRE DEVORER ...! ! !par Jacques Lecras  

                                                                                    

  Afrique équatoriale, Pointe Noire....

  Depuis plusieurs semaines le Tartu était au mouillage au large de la baie de Pointe Noire,

les deux tangons dépliés. A bâbord  l’échelle de corde permettait l’accès à la baleinière ; sur tribord à la vedette des officiers . Ceux  du tiers de sortie empruntait donc la baleinière assurant la navette entre la terre et le bateau, mais aux heures fixées par le BSI.

Sortis à cinq copains, on s’était retrouvés sur la plage , rare distraction qui nous était offerte . La chaleur était étouffante, l’atmosphère poisseuse d’humidité. Là , on était venu chercher un peu de fraîcheur, mais sans succès  car la température de l’eau était à 37° ! ! trois copains décident d’aller en ville , nous laissant sur place car nous n’avions pas envie de les suivre ....Le premier troquet se trouvait à 2 Km !

au bout d’une heure ou deux, on en avait marre d’être vautré sur cette plage déserte et on souhaitait regagner le bateau ; mais voilà, il fallait attendre la prochaine baleinière qui en principe venait en fin d’après midi... Plutôt pénible d’attendre si longtemps ; du coup on envisage la « solution » de rentrer à la nage.... Le TARTU nous paraissait proche, une heure de nage pas plus...

On y va !... On nage de front , et encore et encore .... De temps en temps on regardait la plage qui rapetissait, elle était loin déjà, mais le TARTU lui, nous paraissait toujours aussi éloigné ! Là l’angoisse a commencé de nous envahir ; marquant une pose , chacun n’osant pas avouer sa trouille à l’autre. Enfin on décide de rebrousser chemin, et on nage et on nage ; mais la fatigue , l’essoufflement,  nous avaient gagnés , pire , le copain se retrouve avec une crampe dans la cuisse ! Je lui dis de ne plus bouger et de se reposer en appuyant ses mains sur mes épaules... A force de brasser la flotte, à mon tour je commence à sérieusement peiner. Je lui dis d’enlever ses palmes et il me répond que sans palmes il ne sait pas nager !...Cette fois la trouille était bien installée !

- On a qu’à faire la planche pour se reposer ?

 - Ché pas faire la planche, je coule !

- Meeerde !

Et le miracle , oui ça existe ! !...  Un indigène en pirogue rentrait de pêche ; nous ayant aperçu

il se dirigea vers nous parfaitement conscient de notre situation ; un vrai coup de bol ... On était tellement crevés que c’est lui qui nous a tiré de l’eau, nous faisant rouler au fond de l’embarcation ; ouff ! ! ! On l’avait échappée belle ! Mais l’histoire ne s’arrête pas là , toujours allongés dans la pirogue, à peine remis de nos émotions, on s’aperçoit qu’on était couchés sur des requins morts ; une douzaine environ ,  le plus gros ne dépassants pas 1,5 mètre, mais quand même !. A cette taille là , la gueule ouverte on y rentre son pieds et la double rangée de dents triangulaires, grosses comme l’ongle d’un pouce, est plutôt meurtrière !...

On pose la questions au pêcheur :

- Y en a beaucoup dans la baie ?

- Oui ... (pas très bavard, le pêcheur)

- Et ça peut nous bouffer ?

- oooh ! Si toi tu saignes, peut être..... Mais toi tu saignes pas, alors.....

Il dirigeait sa pirogue vers l’autre bout de la baie, droit sur son village. Il y avait là un petit village d’une centaine d’habitants, des paillotes plantées au bord de la mer environné de cocotiers ; puis des indigènes, femmes enfants vieillards.  Depuis la plage, la scène n’était pas passée inaperçue... Tout le village s’était massé en un long cordon sur la grève dans une effervescence bruyante, pour voir arriver la pirogue chargée de deux « blancs » ; c’était l’attraction du jour.... Le fond de la pirogue venait de frotter sur le sable ; plutôt dans nos « petits souliers » on commence de descendre, et à partir de ce moment, plus une seule parole, un silence de mort s’installe ;  au fur à mesure que l’on avançait le cordon humain reculait se déformant en arc de cercle , une centaine de paires d’yeux nous regardaient, des yeux de « noirs » ce qui était très impressionnant ; d’autant que, les uns comme les autres étaient complètement nus (ne perdons pas de vue qu’en 1961 les européens étaient encore très pudiques)  Enfin après avoir beaucoup remercié on a regagné « notre plage » à pieds  ( 2 Km environ). Il faisait toujours aussi chaud mais curieusement on respirait mieux.....

Mais au fait, il s’appelle comment le copain ? Il va se reconnaître j’espère ?

- Qu’en penses tu Serge ?

Le lendemain sur la table des cartes j’ai évalué la distance séparant le TARTU de notre point de départ dans la baie.....

Trois kilomètres ! !...

 

                                                                  

 

HISTOIRE DE PLAQUE.... par Serge Gomez          

                                                           

   

Entre deux esquisses, juste avant de disposer les couleurs sur la palette de verre, j'ai eu envie de retrouver dans les tiroirs, cette vieille palette de bois des années 60.
Elle était bien là pourtant..........mais là, dans un coin du vieux meuble, j'ai retrouvé un tout autre objet.
Il était un peu gris, certes après 46 ans! Le premier mouvement fut de replacer la plaquette autour du poignet droit, mais elle est devenue trop petite!!
A la première permission, en montrant mon poignet, j'avais dit à la famille d'un ton faussement modesteque si je ne retournais pas d'une guerre ils recevraient la partie haute du bracelet, la partie basse étant clouée sur la caisse du cimetière !!!!!

Vous voyez là il y a le trou de la pointe...........................

 
Quel sombre idiot

                                                                   

 

1 Message de....Vannes ! par  Gérard POUYANNE          

                                                                    

   

            Je viens de prendre connaissance du site du Tartu.
            J'ai été embarqué sur ce navire de juillet 1960 à juillet 1961 comme matelot mécanicien, affecté au service extérieur au poste 3.(matricule 5857 T 60)
            J'assurais le quart 3 tiers au bouilleur machine arrière. Je suis celui qui a malencontreusement envoyé de l'eau de mer dans dans le condenseur principal ainsi que dans les baches d'eau douce après l'escale de Sète. Nous avons bu de l'eau salée jusqu'a Toulon ou j'ai été débarqué pour l'Algérie.(Quelqu'un a mon ainsu avait fermer la vanne d'évacuation de refroidissement d'eau de mer). Aussi j'aimerai si cela est possible  expliquer à l ' I G mécanicien du service exterieur (à l'époque 2 galons) les raisons de cette lamentable affaire.
Certes je n'étais pas élément discipliné mais j'estime que la moindre des choses aurait été de m'entendre.
Je garde un trés bon souvenir des copains du poste, du cuistot (j'avais les clés du frigo). Un an sur le Tartu et encore plein de souvenirs

                                                                   

 

Au poste de combat...... ! par  Gérard POUYANNE          

                                                                    

   

           
Sur le Tartu au poste de combat j'étais affecté a l'équipe de sécurité arrière, en principe nous nous tenions dans la coursive a la hauteur du poste 6.
Celle ci était aux ordres d'un second maître charpentier, un brave parmi les braves. Je le revois le soir de noël dans la coursive principale chantant à tue tête dans une tenue peu militaire, bref je le salue s'il devait lire ces lignes.
Revenons à nos moutons, j'ai du attendre presque la fin de mon séjour sur le Tartu pour découvrir que j'étais de voies d'eau, j'ai pu voir le matériel de colmatage et aujourd'hui encore j'ignore comment j'aurai du l' utiliser.
Mais ce n'est pas le sujet, a chaque poste de combat nous avions droit à un incendie dans un local qu'il fallait découvrir (ex G203). Bodet, était le chargé de communication avec le PC Sécurité, c'est lui qui opérait me semble t'il sur la plage arrière à Sète (une référence).Il décrivait par le menu toutes les opérations, découverte du local, reffroidissemt des cloisons par les lances 1&2.Pénetration et attaque du feu par la lance n° 3 toute une litanie que recopiait l'ami Bodet sur le cahier.  Pour ma part je voyais pas comment une équipe aurait pu descendre dans les fonds lutter contre un feu sans masque et sans tenue adaptée. Nos officiers nous ont toujours surestimés.
Un jour nous nous avons découvert au poste 6 vide, (celui des mécanos, ils étaient tous aux machines)  des revues. Nous avons pris nos habitudes ,Bodet avait trouvé un branchement pour son téléphone, il décrivait tout ce que nous étions censé faire avec une précision d'horlogerie, car avant de dire "feu maîtrisé"il fallait décrire toutes les 2 ou 3 mn une action.
Chacun sait que dans la marine il ni y a pas de place pour le hasard.
Hélas , il fallait que cela arrive, j'étais installé du mieux que je pouvais face l'escalier et j'ai vu un pantalon kaki descendre, j'ai compris que les emmerdements arrivaient .Personne ne l'avait vu sauf moi ,Bodet lui tournait le dos en récitant nos exploits .L'ingénieur mécanicien n'en croyait pas ses yeux il a mis une bonne minute pour réagir, (il a compris que l'on se foutait de lui ce qui était vrai) j'en ris encore.
Le second a pris une engueulade du tonnerre, je crois qu'il s'en foutait complètement nous avons du faire l'exercice, mais sans conviction ce la n'a pas échappé au deux galons, qui est venu a chaque exercice pour nous surveiller.
Souvenir de mon embarquement 1960/1961 le 5857 t 60.

                                                                   

 

Un ballon récalcitrant...... ! par  Gérard POUYANNE          

                                        

   

           
Le Tartu se trouvait quelque part dans le golfe de Guinée, sous un soleil de plomb et une mer d'huile. Soudain, la radio du bord nous informa du lancement d'un ballon sonde.
J'ignorai que nous avions ce matériel à bord, Malgré la chaleur et comme  les distractions étaient rares je suis monté sur le pont pour voir ce "ballon".
Effectivement, des "ponts" s'afféraient autour de l'objet. L'ordre de lancement arriva et comme tout le monde je regardais en l'air, je ne vis rien et pour cause le ballon flottait sur l'eau.
Flottement chez les ponts sourire pour les autres. Aprés quelques minutes d'incertitude sur le sort résérvé au ballon, l'équipage fut appelé au poste combat, le commandant avait décidé d'offrir une cible à ses canoniers. Quelques coups de 57 et fin du poste combat, nous croyons tous l'affaire réglée et bien non le ballon, avait échappé a ce qui se faisait de mieux dans la marine. Je suppose que le chef des "boums" a du se faire "tirer" les oreilles.
L'artillerie ayant échoué on fit appel à l'infanterie. L'homme de l'art arriva sur le pont babord avec un mas 44/49. Sans doute formé à Siroco au cap Matifou (a l'est d'Alger). Ce centre était une véritable usine. Les CS, le BE fusiller, le CIR,  les commandos et sans doute les gradés étaient réunis dans ce lieu.La prise d'arme avec présentation du drapeau avait impressionné le jeune marin que j'étais au CFM. Voir les commandos partir à l'exercice en chantant que c'est bon de mourir  à vingt ans donne une idée de l'ambiance et ce n'est pas sans raison que Sirocco était surnommé l'école du crime. Bref notre homme avait mis un genoux sur le pont la crosse du fusil calée dans le creux de l'épaule la deuxième phalange de l'index sur la détente rien a dire c'était parfait un pro.
L'ordre de feu arriva, pan, plus rien le ballon avait disparu
Souvenir d'un matelot février 1961.

                                                                   

 

Souvenirs...Souvenirs... ! par  Bernard Mingam          

                                       

Bonjour donc à tous les matelots, QM, M, PM, et officiers connus et inconnus du TARTU. Je m’appelle Bernard MINGAM et j’ai servi sur le TARTU, comme matelot mécanicien, de septembre 1962 à décembre 1963. C’est une heureuse surprise d’avoir trouvé, par hasard, votre site. La nostalgie n’est pas une sentiment très populaire mais quant à moi, cette période TARTU foisonne d’excellents souvenirs et de cocasses anecdotes dont je vous propose, ci dessous quelques exemplaires.

1er- Noël arrosé. 24/25 décembre 1962

Bâtiment consigné à Toulon, nombreuses « permes » annulées pour cause de mise en alerte à 24 heures à la suite d ‘événements possibles au Sénégal. Donc, réveillon à bord pour la plus part et, en conséquence , pour oublier, une consommation d’alcool disons, sans modération.

Les photos de Jean Paul Miniggio et la mienne également, en sont témoins.

Consommation = état second !!!!!!

Le jour de Noël, donc, je me réveille le premier du poste 3 ( mécanos exter ; sécurité ; électriciens ; charpentiers etc.…)

Un regard à 360°, le poste entier est affalé.

Devant le peu de réaction, l’officier de garde pointe le bout du nez et me dit :

            « Réveillez-les !»

J’officie !

Rien, pas un mouvement.

L’officier de garde :

            « Essayez encore !»

J’officie toujours !

 Rien de rien.

Après plusieurs tentatives infructueuses, l’officier, perplexe, décide d’employer les grands moyens : FAIRE APPEL AU CLAIRON !

Arrivée de celui-ci et ………concert : « soldat lève toi, soldat lève toi bien vite etc, etc…)

Le poste 3 étant, étant sans doute le poste le plus petit du navire, il faut imaginer la résonance qu’un air de clairon peut avoir ?

Enorme !

Et pourtant, je vous l’assure, personne ne s’est réveillé, pas une oreille n’a frémi.

Devant ce spectacle invraisemblable, l’officier de garde écœuré, abandonna toute velléité et ne revint que beaucoup plus tard.

2ème . Secours aux amoureux ? Février 1963

En croisière, avec l’escadre, le TARTU fait escale à Las Palmas aux Iles canaries.

Très beau séjour qui à dû, sans doute, en perturber quelques uns.

Tant et si bien que quelques heures après notre départ de ce lieu enchanteur vers Dakar ou Casablanca, je ne sais plus, et au large, alerte générale.

Un matelot du De Grasse ou du Colbert ? a sauté à la mer pour essayer de rejoindre, c’est ce qui c’est dit ensuite, un amour récent.

Donc toute la flotte scrute et surveille et ce sont les veilleurs du TARTU qui repèrent le nageur amoureux.

Evolution du TARTU, avance lente et cap sur le phénomène.

Repéré à quelques encablures un officier, dont je ne me rappelle plus le nom, trois galons en tous cas, saute à l’eau et ramène notre Roméo à bord.

Hourras de l’équipage et félicitations du Vice-Amiral commandant l’escadre.

 

3ème.-Passagers clandestins ? Février 1963

Toujours pendant cette croisière, et avant d’arriver à Dakar ; info selon laquelle le TARTU doit partir relever un navire de soutien d’une flottille de langoustiers Bretons , au large du Brésil, et en « bisbille » avec les autorités de ce pays.

Rapide escale à Dakar pour embarquer des vivres destinés à nos pêcheurs ainsi qu’un matelot d’origine Portugaise pour assurer l’écoute et les éventuelles communications.

Direction le Brésil donc et plus précisément  les îles San Fernando de Noronia au large de Récif.

Traversée du « Pot au Noir » et passage de la ligne.

Arrivée au contact de nos Bretons.

Accueil de ceux-ci, moqueur, bien entendu lorsque l’on rencontre la « Royale ».

Ensuite, échange de vivres avec arrivée à bord d’excellentes langoustes qui rendirent presque « frères d’armes » pêcheurs et militaires ;

Le tout sous la surveillance d’un vieux destroyer Brésilien, poussif et crachant d’énormes volutes noires.

Ne pas oublier non plus la surveillance aérienne Brésilienne qui nous obligeait à porter le bachis sur le pont. «  vous comprenez, s’ils prennent des photos aériennes et qu’elles soient publiées dans la presse brésilienne et mondiale il faut que le bâtiment soit impeccable » dixit capitaine de corvette Beydon, commandant en second.

La « RESCUE »de la flottille laissant quelques loisirs, il nous arriva, un jour, d’assister à une pêche au requin.

En effet, faisant des ronds dans l’eau et la durée de notre séjour générant pas mal de déchets jetés à la mer, un petit banc de requins fût vite attiré par le festin.

Il tournait autour du bâtiment.

Aussi l’idée d’en pêcher un affleura vite les esprits de chacun.

Les moyens traditionnels de pêche ayant tous échoués il fût décidé de tenter un harponnage de fortune.

A l’aide d’un esse de boucher l’opération fût tentée et réussie à partir de la plage arrière.

Le requin fût hissé à bord. ( voir photo jointe )

L’amusant de l’histoire est que cette pêche arrivait après le don, venant des pêcheurs Bretons, d’un chiot d’une récente portée, pour remercier l’équipage.

L’addition de ces deux passagers supplémentaires amena de la part du commandant en second cette remarque cinglante : « pas de chien, pas de requin à bord »

Le chiot fût rendu aux pêcheurs et le requin cuisiné.

 

Je voudrais terminer, bien qu’il y ait bien d’autres anecdotes, en rappelant ce souvenir.

Il y avait, prés de la coupée, un petit local de service, occupé par les fourriers ou les matelots et officiers de garde.

De là partait toutes les communications , appels et annonces à l’équipage.

A cette époque donc, officiait un matelot fourrier, dont, hélas, je ne me rappelle plus le nom, qui avait cette particularité ( c’était très à la mode en ce temps ) d’imiter de très brillante façon le Général De Gaulle

Il en usait, parfois, lors de ses annonces ce qui faisait s’esclaffer  tout l’équipage, un peu moins les officiers et mettait en transes notre brave «  Bidel ».

En outre, à ce don d’imitation, il rajoutait un solide coup de crayon qui lui permettait de caricaturer qui lui demandait et qui nous a permis, à nous les « lignards » de 1963 d’obtenir un très beau diplôme. (voir photo »

Où que tu sois, camarade, bravo et merci !

Voilà ce que je peux dire aujourd’hui en adressant mon salut le plus cordial à tous les marins du TARTU, connus et inconnus, et plus particulièrement à ceux du Poste 3 dont on voit la quasi totalité des visages sur les photos affichées par Jean Paul Miniggio, photos prisent pendant la période de fin d’année 1962, devant un bar que nous avions construit pour la circonstance, en fin surtout les charpentiers.

Pour ceux que l’info intéresse, la dame présente au milieu des matelots est une silhouette publicitaire en carton que nous avions « empruntée » lors d’une virée à La Spezia.

Comment avons nous fait pour la ramener à bord ? Mystère !

Donc salut à tous, à ceux dont je ne me rappelle plus les noms et ceux qui sont restés dans ma mémoire, comme :            Michel Christol, le Nîmois, mon pote de l’époque.

                        Singier, le chti, notre chef de poste, la droiture personnifiée.

                        Sachetti, le Corse, sympa comme tout

Kyriakides ( orthographe non garantie), un Grenoblois qui finissait ses 28 ou 30 mois de service ce qui lui pesaient beaucoup.

Et puis bien sûr Jean Paul Miniggio dont il me semble me rappeler qu’il est Marseillais et avec qui nous, les Parisiens ( car nous étions quelques uns dans ce cas ) chahutions gentiment. Déjà !

 

Salut à tous donc et portez vous bien, camarades !

                                                                   

 

Attention à l'abordage...... ! par  Gérard POUYANNE          

                                                                    

   

           
          En 1960 ma solde de matelot breveté était de 18 frs plus huit timbres FM et les cigarettes. Dans ces conditions mes sorties à Toulon étaient rares, aussi j'étais devenu le remplaçant idéal pour le samedi et dimanche.
            C'est ainsi qu'un "chouf" du poste 4 est venu me demander d'assurer son service le dimanche au canot majeur. J'ai d 'abord refusé car je ne le connaissais pas, mais il a insisté me disant qu'il n y avait rien a faire . Le dimanche le commandant est chez lui. Je finis par accepter ne voulant pas le "priver" de son épouse.
            Hélas, au milieu de l 'aprés midi l'équipage du canot est appelé en tenue n° 1.J'arrivai bon dernier et le chef "chouf" gueulait de me dépêcher. Ce que je fis avec modération . Je dois dire que j'ignorai totalement ce que je devais faire.
            La première épreuve fut celle du tangon en souliers à tiges .Tant que le cable est au niveau de la taille ça va, au genou c'est du funambulisme. La seconde l' echelle souple, j'ai três vite compris sur les conseils éclairés du "chouf" comment il fallait si prendre j'ai failli arrivé directement sur le canot ou là heureusement que le gabier me réceptionna m'évitant un bain forcé. Ensuite j'ai demandé ce que devait faire "Tu appuis sur le bouton pour démarrer le moteur ensuite du t'occupes de la manette des gaz en fonction de ce que je dis "
Le moteur démarra a mon grand soulagement et nous partîmes pour la coupée prendre le commandant en grande tenue blanche avec sabre et décorations. Celui ci s'impatientait depuis une dizaine de mn. Dire que le chef était maussade c'est le minimum, l'arrivée a la coupée fut épique je donnais des coups d'accélérateur dans tous les sens, les gabiers finirent par "gaffer" ouf, le commandant embarqua avec coup de sifflet et sur le bord, a signer pour 3 ans de plus.
La traversée de la rade fût un enchantement, nous devions déposer notre "auguste" passager au quai des Belges. A cette époque des pontons flottants étaient amarrés pour permettre l'accostage ceux ci étaient perpendiculaires au quai. L'art consiste à arriver à grande vitesse, de stopper le moteur à une dizaine de mêtres, de frôler le ponton, un petit coup de marche arrière pour immobiliser le canot quelques secondes et repartir en marche arrière plein pot avec un demi tour a l'avenant. Je laisse le lecteur imaginer le chaland qui est ébahi par cette manoeuvre . Sauf que moi j'ignorais  tout et le "chouf" aurait du se méfier de mon inexpérience. Quand je reçu l'ordre de marche arrière, je le fis plein gaz et nous repartîmes en arrière, le contre ordre arrivant je fis la même la chose, il s' en fallut de peu que nous heurtions le quai. Le commandant qui lui n'avait pas prévu la manoeuvre se tenait bien droit sur le plat bord .En voulant débarquer dignement comme il sied à un officier je lui fit faire le grand écart et il se retrouva "a quatre pattes sur le ponton" avec sa belle tenue blanche et son sabre. J'en ris encore.
Au retour la sanction tomba de la bouche du "chouf" "Toi tu ne remonteras plus à bord" Je lui ai peut être brisé sa carrière.
Mon meilleur souvenir à ce commandant.

 

                                                                   

 

Mon voyage initiatique...... ! par  Angelo DO-VALE          

                                                                    

   

           
   
Le lendemain de mon embarquement sur le Tartu, le 03janvier 1962, j’ai été affecté à la machine avant.

Tous ces manomètres, ces vannes et ces appareils turbo-ceci, turbo-cela m’ont impressionné mais pas autant qu’un Second Maître qui me passa un document a remettre au capitaine d’arme. Ce comique, d’un air vachement sérieux me rappelle ce que nous avions appris à l’EAMF aux cours de contrôles des eaux distillées et de leurs analyses. Il me tend donc un papier plié et m’envoie chez le bidel récupérer le produit, en me précisant que le PHENOLPHTALEïNE n’est livré qu’en bidons de 5 litres. Et il ajoute que ce produit est stocké à l’armurerie et que c’est le bidel qui a les clefs. 

Un truc quand même me fait tiquer, car l’analyse de l’eau distillée ne se fait qu'avec quelques gouttes seulement de produit, et que  5 litres ça fait “énaurme” . Puis je me suis rappelé que quelques jours plus tôt sur le “PIPADY”, un “grand cuirassier” qui taillait la route entre St Mandrier et le Quai Kronstadt, qu’un second maître bien gentil m’avait un peu rencardé sur les “bien-bonnes-blagues-qu’on-fait-aux-arpètes-qui-embarquent”. Surtout, a-t’il ajouté, prends pas ton air le plus bête, ça t’évitera les em...J’ai donc exécuté l’ordre, et me suis pointé chez le bidel. 

En attendant que le sako très occupé sur ses documents lève les yeux sur moi j’ai lu le papier qui était ainsi rédigé: “Bon d’approvisionnement pour 5 Kg de ZOBAÏNE”  service Machine Av / consommable . Je vous dis pas les mecs comment j’ai piqué un fard en comprenant le piège où j’étais tombé. Le Sako prends mon papier, le lis, me regarde et me demande s’il y a longtemps que je suis à bord. Ce fils de bidel se retenait de rire, et pour cacher son hilarité, il prenait un air sévère. Puis il me fout un coup de tampon sur le “bon” et m’envoie chez le cambusier tout à l’avant du bateau en me disant: -Le capitaine d’arme n’est pas à bord ce matin, va voir le patron cambusier, il a les clefs. Je salue et je file vers l’avant où je suis mal reçu par un QM qui range des boîtes. Il a l’air fatigué et contrarié par mon intrusion, je lui tend le bon, il lit et sourit. -Bon, petit ! va voir l’officier de quart à la passerelle, il t’aidera . Décidément, lui aussi me prends pour l’idiot du village, et lui aussi se retient de rire. Faut pas qu'ils pensent que je sais.. Mon passage dans son antre lui a redonné le sourire, au moins ça ! 

Pour ma part j’ai bien décidé de jouer à leur jeu et de visiter le bateau de fond en comble, et je me dit que si il y a un pataquès je suis couvert par toutes les signatures et les tampons qui commencent a couvrir mon “bon d’appro”. 

Bien sur à la passerelle je ne trouve pas d’officier de quart, mais un second timonier me conseille d’aller à l’infirmerie voir le docteur. Deux sens, soit il me prend pour un demeuré, soit il continue le jeux. 

Là il n'y a pas de docteur, mais un grand escogriffe de QM1 qui garde un air sérieux , il tamponne mon papier et m’envoie chez le patron secu qui lui aussi m’examine curieusement. Signature et renvoie chez le “commandant machines” qui justement remonte de la chaufferie AR. Décidément je sens que je me rapproche de l’engueulade réservée aux innocents. 

En haut de la descente de la Chaufferie , voilà justement le pacha machine qui se pointe accompagné de deux lieutenants aux parements violets des mécaniciens. Respectueusement je salue, (je fais ça très bien), je prends mon air le plus simplet, (je sais faire ça aussi), et lui tend mon fameux bon d’appro. 

Le 4 sardines machines me regarde sans rire, me demande mon affectation, et tends le papier à l’un des lieutenants qui suivaient, en disant: tiens, c’est de votre service. Ils n’ont pas grand chose a foutre là en bas, faites leur faire des cuivres, ça les occupera, et il s’éloigne en souriant tandis que le lieutenant lit, entre les coups de tampon et les signatures de tous les postes que j’ai visité, le texte du fameux bon de ZOBAÏNE . 

Tout ça a bien fait rire les mecs du poste 6, du poste des boeufs, et à la table des officiers sub, et chez le pacha le lendemain. 

Moralité : j’ai l’ai fait mon voyage initiatique, et d’un bout à l’autre du bateau, je n’ai pas visité les canons et je ne rends pas grâce à ces marioles de la machine AV qui au retour m’ont foutu entre les pattes un bidon de “NAOL” et m’ont fait briquer tous les cuivres qui brillaient déjà. 

Deuxième moralité, ne jamais faire deviner qu’on est pas dupe car ça tombera encore plus dur. 

Quelques mois plus tard, lors de l’escale à Dunkerque j’ai retrouvé mon second maître de si bon conseils, il voulait m’apprendre encore des trucs, mais “timeo danaes et dona ferentes” j’ai pas écouté, il y avait le carnaval et la fête au bal des pompiers (sacré souvenirs)...........

 
Bouchon gras machine AV, Angelo Do-Vale de
janvier/1962  à  juillet/1963  poste 6.

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Une nuit ...... ! par  Jean Pierre Legrand          

                                                                    

En 1966, matelot embarqué sur notre beau fleuron l'E.E. TARTU, bâtiment chef de la 4ème D.E.E (division des Escorteurs Escadres), je me trouvais encore en situation de P.D.L (pendant durée légale), car je n'avais pas encore 16 mois de service. Ceci générait des restrictions et notamment le fait de ne pouvoir découcher, sauf demande express règlementairement acceptée.
Un soir j'étais du tiers de sortie et me voilà à Toulon où j'avais rendez-vous avec une petite copine. La soirée s'est passée convenablement au cinéma puis, il fallait bien que ça arrive un jour, dans la petite chambrée que je louais cours d'Alger. Est arrivé ce qui devait arriver et, l'heure ultime de rejoindre le quai Millhaud a été dépassée. Contre vents et marées, j'ai pris l'initiative de découcher. J'étais tellement bien dans les bras de Morphée. Le petit matin arrivé, nous nous sommes quittés et j'ai rejoint le bord. En franchissant la coupée, j'ai bien remarqué que le quartie-maitre C.S de service tournait en rond. Il tenait une carte (verte) de bord à la main et attendait le titulaire pour quelques explications. J'ai joué la franchise en lui disant que j'avais découché sans autorisation et lui en ai donné le motif. Je m'attendais à la peau de bouc. Eh! bien malgré tout ce qu'on pensait des saccos du bord, il a admis la situation, m'a rendu ma carte et personne n'en a jamais rien su, sauf vous maintenant.
Depuis ce jour là, j'avais changé ma façon de voir les saccos et je m'en suis fait d'excellent camarades. 

Rencontre avec un cousin ...... ! par  Jean Pierre Legrand          

                                                                    

Toujours matelot en avril 1966 sur notre Tartu, je me trouvais un soir du tiers de sortie. Un bosco et bon camarade me demandât de sortir avec lui car il voulait aller s'inscrire dans une auto-école de Toulon. Je lui répondît par l'affirmative mais à la condition de rentrer tôt car le lendemain  on appareillait pour exercices en méditerranée et direction la Grèce, la Turquie, l'ex-Yougoslavie et la Russie. OK pour une sortie 'light' et il est convenu de rester en tenue d'une part, d'aller d'autre part à son auto-école et, avant de rejoindre le bord, d'aller manger un morceau dans une petit resto de Chicago.  Jusque là, rien à redire. Nous sortons du resto et décidons d'aller prendre un café-pouss, avant de rentrer, au "Marsouin" où nous avions notre QG.
C'est une fois dans ce charmant endroit que tout a basculé. A la table d'à côté, se trouvaient plusieurs fusiliers du Commandant Montfort. Parmi eux mon petit cousin que je n'avais pas vu depuis des années. Alors je ne vous dis pas mais vous le voyez venir gros comme une maison. Tournée, retournée, ratatournée et du Marsouin, direction les 'TipTop', 'Jean Bart' 'Azade' et autres bars du quartiers. Dans le soirée, j'ai perdu mon cousin et on n'a jamais su comment on est rentrés.!!!!!   
 
Le lendemain ce qui m'a sauvé, c'est que j'étais en double comme timonier dans mon tiers. Mon camarade Christian Prost, a assuré l'appareillage et pris son quart dans la foulée. Quant-à moi, je me suis réveillé il devait être 11 heures et nous avions franchi les passes depuis un bon bout de temps. Sur le pont, j'avais beau me retourner, je ne voyais plus les côtes.
Ah! que voulez-vous Remember ! Remember!.

        SOUVENIRS   de Régis MICAULT

 

Enseigne de vaisseau Embarqué sur le Tartu entre le 07/12/1961 et le 24/10/1962 à TOULON  

        

Entre le fort sympathique Gascon et l’Escorteur d’Escadre le Tartu, je passe de l’ordre de 2 mois à l’École “ du petit canon “ dont je sors avec le certificat de DCA, Marine petit calibre (Artillerie de 57mm ) le 21 novembre 1961 - sans souvenir vraiment marquant, sinon l’impression désagréable d’avoir passé trop de temps chez les boy-scouts !

Je m’y suis toutefois retrouvé avec l’Enseigne de vaisseau Robin, qui alors qu’il était second du Commando Montfort, avait été grièvement blessé à une jambe : la Marine lui donne ainsi un semblant de spécialité, car les Commandos Marine, c’est terminé pour lui !J’embarque donc à Toulon sur le Tartu le 7 décembre 1961 comme adjoint - pour l’artillerie de 57 mm - du chef du service artillerie ( Lieutenant de vaisseau Bellego ), dont l’autre adjoint pour l’artillerie de 127 mm est le L.V. Rousseau.

Le Commandant, c’est le Capitaine de frégate "Pacha" : dès que nous nous trouvons en présence, je comprends que je ne vais pas m’entendre avec ce gars là ...

Bellego, est comme moi un ancien E.O.M. ( École des Officiers de Marine ) assez tatillon : chaque soir, c’est pratiquement 5 minutes avant le “ dégagé “ ( fin de la journée de travail, au mouillage) qu’il faut se rendre dans sa chambre/bureau pour lui rendre compte du travail de la journée et établir le programme du lendemain.Avec Rousseau, on est debout derrière Bellego, qui assis, remplit un grand cahier avec beaucoup d’application et ... de temps.

En ce qui me concerne, je m’emm ... et n’aime pas du tout voir mes journées au mouillage ainsi prolongées par un rite sans grand intérêt ... sinon sans intérêt du tout en pratique

Par ailleurs, Bellego est plutôt sympathique, mais il a toujours l’air un peu emprunté ... À l’occasion, je le rencontre avec sa femme et son fils, il a la même attitude.

Plusieurs années plus tard, alors que je traverse l’Arsenal de Toulon pour me rendre sur le Colbert, j’aperçois un piéton ... : un “ Bellego “ ... rajeuni. Il monte près de moi et je le dépose à son bord ...

Intrigué, j’ai l’occasion de parler de lui à l’un de ses camarades qui me dit : “ Bellego ... je pense bien qu’il a changé ! " Vous ne savez pas qu’il avait un enfant terriblement anormal, dont il ne parlait jamais ... cet enfant est décédé il y a quelques temps ... et Bellego a enfin retrouvé l’entrain qu’on lui connaissait avant “.

Un jour nous appareillons avec des élèves ( matelots et quartiers maîtres ) de l’École des canonniers. Le temps est maussade, la mer est assez grosse ... surtout pour ceux qui ne naviguent pas du tout ou pas souvent.En passant sur le pont milieu tribord, je n’en crois pas mes yeux. Encadrant - plus ou moins - un groupe d’élèves, un second maître canonnier que je reconnais sans hésitation :Tanguy, dit “ Tanguy la balafre “,avec qui j’ai eu de très sérieux démêlés à Pont Réan 10 ans plus tôt ... Tanguy, alors second maître de 2ème classe ( 1 galon ) qui, entre autres, traitait les malheureux matelots de 3ème classe que nous étions de “ bande de minab’ ! “ .Sacré Tanguy, lui aussi me reconnaît bien : nous avons tous les deux accédé à la première classe : lui comme second maître, moi comme enseigne de vaisseau !

En plus du mal de mer qui semble le tracasser, il en est vert, le roi des “ minab’ “, il n’a pas l’air ravi de me retrouver... : il me salue mi-li-tai-re-ment, comme il se doit alors que - sans vergogne - je le “ toise “ avec insistance ... puis je lui fais signe de passer : il s’esquive au plus vite. Des Second Maîtres m'ont appris qu'ensuite il était resté enfermé dans son poste : il n’osait plus en sortir de peur que je le balance à la mer .... pauvre “ minab’ “ !

Un jour, exercice de tir d’artillerie de 57 mm sur manche remorquée par un avion : le tir est bien réglé, on voit les obus traçants passer en partie sous la manche et l’observateur de l’avion signale “ tir encadrant “.Pacha, lui, n’est pas content : il veut voir tous les obus traçants passer devant la manche ... Je tente de de lui expliquer, il me traite de tous les noms : pas possible, il se prend pour Tanguy ! Bellego ... rate une occasion de s’affirmer : il s’écrase ! La colère m’attrape : je téléphone à mon second maître chargé du PC (Poste à Calcul) de réduire la vitesse initiale affichée pour les munitions utilisée( pour des vitesses programmées plus faibles, les canons tirent un peu plus haut …)... magnifique !

L’observateur de l’avion signale " hors du champ d'observation ! " , mais Pacha est ravi : sans lui, je n’aurais peut-être jamais imaginé combien il est simple de contenter un imbécile de son genre ... .

Une autre fois, exercice de ravitaillement à la mer avec un pétrolier. (voir “Le Boulonnais“ pour plus de détail sur mon expérience en la matière ).

Le pétrolier tient son cap et sa vitesse, c’est au ravitaillé de se tenir entre 15 et 20 mètres en abord, sans varier sensiblement de position relative.

Bien entendu, le Commandant est sur la passerelle. Il désigne Rousseau pour tenir le cap, et Micault (…) pour tenir la vitesse : ayant le “ petit rôle “, je me tiens discrètement sur l’aileron bâbord ( côté du ravitailleur ) de la passerelle. Il me suffit d’observer un alignement sur le pétrolier ( une cloison transversale par exemple ) et de jouer de quelques tours (un ou deux le plus souvent) sur les machines lorsque qu’une tendance se confirme.

Tout se déroule à merveille ... le temps est calme, il n’y a pas grand mérite, mais ce genre d’exercice mérite toujours d’être entouré de précautions minutieuses.

Pacha me tombe dessus :

-“ Que faites-vous là ? “

-“ Je contrôle les machines, Commandant ! “

-“Vous DEVEZ prendre un alignement sur le pétrolier avec l’alidade ( viseur fixé sur le répétiteur du compas gyroscopique, indiquant - entre autres - le Nord ) “

Je m’incline, au moins le croit-il ... plus ou moins, et il s’éloigne.

J’espère – un peu - qu’il va “ m’oublier “.

Mais, comme à son habitude - c’est le genre de gars qui pour passer ses humeurs a besoin d’avoir une “ tête de turc “ - il me tombe à nouveau sur le dos en flagrant délit de non-exécution de ses ordres : j’ai bien un peu essayé, mais rester planté derrière l’alidade me condamne à ne rien voir de ce qui se passe               - ce qui peut être dangereux - et à commettre des erreurs : on n’a pas idée de comptabiliser des variations d’azimut, alors qu’un simple coup d’œil est beaucoup plus réaliste et efficace !

.. ce que je tente d’expliquer, avec ménagements, à Pacha, ... : pas moyen de me faire un tant soit peu entendre !

Je vous ordonne ... “, gueule le père Pacha ...

Tu m'as fait " jouer au con " une fois avec les tirs, Pacha, cette fois tu ne m'aura pas !

Négatif , Commandant “

Il est vert - tout comme Tanguy - et bafouille.

- “ Disparaissez dans votre chambre, vous êtes aux arrêts !

Nous n’en avons plus jamais reparlé. ...

Cet embarquement a été une vraie purge pour moi ... et comme les emm ... ont plutôt tendance à venir en série, il m’arrive l’horreur absolue : la panne de réveil ( (réveil-matin ), je rate un appareillage - pour la journée, heureusement - à peine de quelques minutes !

Le Tartu vient tout juste de décoller du quai lorsque j’arrive ...

Pacha ... se contente de se payer ma tête : peut-être apprécie-t-il enfin quelqu’un qui ne se laisse pas mener stupidement ? Pas sûr.

C’est quand même sans le moindre regret que je débarque du Tartu pour entrer à l’École des officiers canonniers en octobre 1962.

J’apprendrai plus tard que mon “ collègue “ Rousseau, lui, s’est retiré dans un monastère, comme moine : à la réflexion, il avait bien un peu la “ tête de l’emploi “ !

            Quelques années plus tard, 1964 ou 65, je suis contacté par la Sécurité Navale, ce qui est peu habituel ... mais comme c’est mon ami le Capitaine de corvette F. Richard qui en est le patron, ( c’est mon ancien Commandant aux Commandos Marine en Algérie )

je m’y rends sans la moindre appréhension.

Nous sommes toujours contents de nous rencontrer et après quelques considérations des plus banales, Richard en vient aux faits.

La Sécurité Navale a enquêté sur une affaire de photos pornographiques réalisées à bord d’un bâtiment de la Marine Nationale : quelques exemplaires me sont présentés.

Après de minutieux examens et des interrogatoires soigneusement recoupés, il a été possible d’identifier ... le TARTU ... en fin 1961 pendant la période des fêtes de fin d’année.

Cette année là, les "week-ends"  des fêtes comportaient deux jours fériés consécutifs - dimanche et Noël / Jour de l'An le lendemain - et “ l’affaire “ s’était passée     de nuit dans un poste d’officiers mariniers, avec des “ filles “ qui étaient venues en visite à bord le premier jour et en étaient tout naturellement reparties le lendemain.

Je venais d’embarquer sur le Tartu début décembre mais, comme à chaque embarquement, je n’avais pas attendu pour reconnaître le bateau à fond et faire connaissance de son équipage.

Interrogé, Pacha, alors ex-commandant du Tartu - après une prétendue recherche - avait certifié que c’était l’Enseigne de Vaisseau Régis Micault qui était de garde ce jour là. Réponse objective, ... ou vengeance consommée à froid ?

L’ennui - pour Pacha - c’est que Richard me connaît bien et me déclare - avant même que j’ai le temps de réaliser - que ce n’est pas possible : il ne veut de moi que la confirmation de sa conviction avant de relancer les recherches dans une autre direction.

En fait je me souviens bien avoir passé une journée de garde à bord lors d’un des deux “week-ends“ des fêtes, mais je lui assure que, comme à mon habitude et en particulier quand les risques d’incidents, entre autres, avec des gens qui ont trop bu sont élevés, je n’ai cessé de faire des rondes notamment très tard dans la nuit ... ce qui n’était tout simplement que mon devoir le plus élémentaire.

Fort de cette affirmation, Richard obtient du Service des Archives de la Marine la communication du journal de bord du Tartu ... :

J’étais de garde à Noël et l’incident s’était produit à la Saint Sylvestre !

C’était un Enseigne de 2ème classe faisant son service militaire à bord qui était de garde ce jour là. Marié, normalement professeur à Marseille, il avait réveillonné à bord bien tranquillement avec sa femme, elle même professeur à Marseille ...

Sacré Pacha ! ... tu n’as pas eu ma peau ! ! !

J’ai oublié le nom de cet Enseigne, mais je me souviens de quelques unes de ses confidences.

Sa femme et lui avaient calculé leurs revenus sur les 15 / 20 ans à venir et avaient décidé

- des investissements qui leur paraissaient nécessaires à leur confort (appartement, mobilier, voitures ... )des périodes où ils devraient tenter d’avoir des enfants, ... engageant ainsi plus de 50% de leurs revenus et figeant leur avenir …

 J’avais alors trouvé cela incroyable !

 

Je débarque du Tartu le 24 septembre 1962 : 7 mois de " galère "!